La première réunion du Haut Conseil à l’export a débouché sur 20 mesures destinées à booster les exportations en Afrique à travers la prise en charge des coûts de transport maritime, passant de 30 à 60%, et aussi du transport aérien de 50 à 70%. L’objectif étant de passer de 3 milliards de dinars en volume d’exportations à 6 milliards de dinars sur le marché africain La croissance des exportations a été assez soutenue durant l’année passée. Mais elle reste encore insuffisante pour couvrir les importations en hausse continue. Un déséquilibre que le Haut Conseil à l’export se propose de pallier à travers l’annonce d’une vingtaine de décisions-mesures. Le chef du gouvernement s’est montré assez optimiste en déclarant que l’objectif est d’atteindre 50 milliards de dinars d’exportations d’ici 2020. Un montant qui permettrait de créer plus d’emplois et de réaliser plus de croissance.
«Nous voulons booster les exportations en quantité mais aussi en termes de qualité et de valeur ajoutée. Plusieurs problématiques se présentent aux exportateurs. Nous visons à les réduire. Le rôle du Conseil est de suivre l’évolution des exportations et d’évaluer les décisions prises pour simplifier les procédures, soutenir financièrement les opérations d’export et accompagner les exportateurs sur les marchés extérieurs», indique-t-il.
Youssef Chahed ajoute qu’il est nécessaire de gagner l’enjeu de l’export, précisant que la Tunisie a tous les moyens et toutes les capacités pour réaliser cet objectif, à travers l’unification des efforts de tous les intervenants. Il a précisé que l’export est une priorité nationale, soulignant que le Haut Conseil à l’export se réunira en juin prochain pour évaluer l’application des 20 mesures décidées lors de cette première réunion.
Contrats-programmes De son côté, Omar El Behi, ministre du Commerce, a affirmé que l’export doit être une priorité de tous les intervenants économiques et pas seulement du gouvernement. Parmi les principales décisions prises figure l’augmentation du budget du Fonds de promotion des exportations à 40 MDT en 2018 et 100 MDT en 2020. L’objectif est d’accompagner les exportateurs dans leur déploiement sur les marchés extérieurs, notamment le marché africain.
«La Tunisie est en voie d’adhésion au Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa). Elle a déjà signé une convention avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Ce sont deux groupements économiques qui rassemblent 700 millions de consommateurs. Nous avons pris des mesures pour booster les exportations en Afrique à travers la prise en charge des coûts de transport maritime, passant de 30 à 60% et aussi du transport aérien de 50 à 70%. Notre objectif est de passer de 3 milliards de dinars d’exportations à 6 milliards de dinars sur ce marché», lance-t-il.
M. El Behi a signalé également que des contrats-programmes sectoriels seront mis en place avec le secteur privé pour fixer les objectifs à atteindre en termes d’export chaque année. A ce niveau, Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, a affirmé que le patronat présentera sa vision pour chaque secteur. «Nous sommes sûrs que nos entreprises sont capables d’exporter davantage. Les marchés et les opportunités existent. Nous pensons que le montant de 50 milliards de dinars est possible si une cellule est mise en place pour l’application des décisions du Haut Conseil à l’export, surtout en ce qui concerne la facilitation des procédures, la réactivité de l’administration et la réduction des obstacles logistiques», estime-t-elle.
Campagne de promotion En revanche, M. El Behi a indiqué qu’il y a eu une focalisation sur la digitalisation des procédures avec l’objectif de simplifier les opérations d’export. D’ailleurs, un manuel de procédures sera élaboré, énumérant les étapes à suivre et les documents requis pour l’administration et l’exportateur à la fois. Le ministre a indiqué qu’une grande campagne de promotion sera organisée à l’étranger pour promouvoir l’image de la Tunisie, en rassemblant les budgets de promotion des différentes institutions chargées de ce dossier, à savoir le Cepex, l’Office national du tourisme tunisien, l’Agence de promotion de l’investissement extérieur (Fipa) et l’Agence de promotion de l’investissement agricole (Apia).
Concernant la dépréciation du dinar, Mme Bouchamaoui a souligné qu’il est indispensable de réaliser la stabilité du dinar pour encourager les entreprises à exporter, précisant que les entreprises exportatrices importent elles aussi beaucoup de matières premières, de pièces de rechange et de produits semi-finis. L’instabilité du dinar ne lui permet pas d’être compétitive. «Il s’agit de la responsabilité de la BCT et du gouvernement pour aller vers une stabilisation du dinar. La situation actuelle n’est ni au profit du consommateur ni des entreprises tunisiennes», rétorque-t-elle.
Pour ce qui est de l’augmentation des prix de certains produits, M. Chahed a affirmé que le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les prix des produits subventionnés, ajoutant qu’il y a une augmentation des taxes douanières pour certains produits importés afin de préserver l’industrie tunisienne et la compétitivité des entreprises tunisiennes. «Nous veillons à stabiliser l’indice des prix. Le défi est colossal, c’est certain. Pour cela, nous avons fixé le déficit budgétaire à 4,9% pour empêcher une autre augmentation des prix», explique-t-il.
SOURCE: LA PRESSE DE TUNISIE |