• L’économie bleue ne représente que 12% du PIB tunisien, une part très faible par rapport aux potentialités qui existent • 25% du commerce mondial passe devant la Tunisie, alors que celle-ci n’en profite qu’à hauteur de 0,25%
L’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) organise, les 20 et 21 octobre 2018 à Bizerte, la première édition du Forum de la mer, en collaboration avec l’ambassade de France en Tunisie et l’Union européenne, représentée par l’Union pour la Méditerranée. Une manifestation placée sous le signe des rencontres euroméditerranéennes de l’économie bleue durable, afin de consacrer les richesses maritimes dont dispose notre pays et débattre des opportunités que présente la mer pour le développement socioéconomique. «La Tunisie est un don de la Méditerranée», a déclaré sur un ton poétique Néji Jalloul, président de l’Ites, lors de la conférence de presse tenue le 25 septembre pour le lancement de la première édition du Forum de la mer. Avec 1.300 kilomètres de côtes, la Tunisie ne bénéficie pas toutefois pleinement des opportunités que lui offre «Mare nostrum». Selon M. Jalloul, l’économie bleue ne représente que 12% du PIB tunisien, une part très faible par rapport aux potentialités qui existent. «C’est un forum qu’on veut annuel. Nous voulons redonner à la Tunisie son rayonnement habituel. La Tunisie est historiquement rayonnante sur le monde. Nous allons parler des problématiques que connaissent les secteurs de la pêche, de l’aquaculture, le dessalement de l’eau de mer, le commerce maritime. La Tunisie a été historiquement connue pour sa flotte commerciale. Aujourd’hui, nous n’en avons plus. Nous avons seulement huit ports de plaisance alors que nous pouvons capitaliser davantage sur ce volet», a-t-il précisé. Manque d’infrastructures maritimes Pour Oliver Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, ce rendez-vous a été pensé comme opportunité pour la Tunisie afin de devenir leader en Méditerranée. Il a affirmé que 25% du commerce mondial passe devant la Tunisie alors que celle-ci n’en profite qu’à hauteur de 0,25%. «Il est clair qu’il y a un besoin en infrastructures pour capter ce commerce. La mise en place d’u port en eaux profondes est capitale pour atteindre cet objectif. Le port d’Enfidha a été mis sur la table récemment lors du Forum international sur le partenariats public-privé. Et la Banque européenne de reconstruction et de développement a même souligné sa volonté de contribuer au financement», a affirmé l’ambassadeur. Il a ajouté que la question environnementale est aussi centrale, avec la campagne mondiale sur le plastique actuellement. «Le développement pour le développement est fini. La lutte contre le réchauffement climatique est importante. Il existe des enjeux considérables à prendre en compte», a-t-il souligné. Mettre en valeur les potentialités De son côté, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, a indiqué que le forum constitue une excellente initiative pour mettre en valeur les potentialités qu’offre la Tunisie en termes d’économie bleue. Il a souligné le rôle de l’Union Pour la Méditerranée (UPM) dans la consécration de cet objectif, indiquant le lancement du projet de dépollution du lac de Bizerte depuis deux ans, pour un coût de 80 MDT. Selon lui, le comité de pilotage du projet se réunira la semaine prochaine afin de suivre son avancement. De même, il a indiqué que la Tunisie pourra inspirer les autres pays de la région à travers l’organisation de ce forum, en réfléchissant sur les enjeux socioéconomiques. Un quart des jeunes de la région Mena ont émigré Bien que le Forum de la mer ne soit pas concentré sur la question migratoire, il est clair qu’elle sera évoquée par les participants. La question migratoire a été évoquée lors de la conférence de presse. M. Bergamini a affirmé qu’il y a une réelle problématique concernant la fuite des cerveaux, soulignant qu’une étude des Nations unies a montré qu’un quart des jeunes dans la zone Mena ne vit plus dans leurs pays d’origine. Aussi, 98% de ceux qui ont achevé leur cursus universitaire à l’étranger ne reviennent pas. Il a fait remarquer que la région Mena est la région la moins intégrée au monde, expliquant cette fuite de cerveaux par l’absence d’opportunités adéquates. En revanche, le programme du forum comporte une première journée dédiée à des ateliers thématiques sur l’environnement marin, les industries, l’investissement et les infrastructures marines, les nouvelles frontières de la mer, les loisirs et la culture maritimes. La seconde journée rassemblera de hautes personnalités politiques, de grands témoins et figures emblématiques dans le domaine de l’environnement et du monde de la mer. M. Jalloul a signalé qu’une étude stratégique approfondie sur l’économie bleue durable sera présentée. En parallèle, on prévoit d’organiser des activités culturelles et des interventions urbaines autour du vieux port de Bizerte et dans la ville.
Source : La presse de Tunisie |