Dans le dernier document de travail publié par son département des Affaires économiques, intitulé «Insertion de la Tunisie dans les chaînes de valeur mondiales et le rôle des entreprises offshore», l’OCDE a démontré que la Tunisie se dote d’un positionnement favorable dans ces chaînes de valeur.
Ainsi, les auteurs de ce rapport ont indiqué que l’ouverture de la Tunisie aux échanges internationaux et son intégration dans les chaînes de valeur mondiales ont fortement progressé depuis le milieu des années 90, témoignant des avantages comparatifs du pays.
Par ailleurs, les exportations tunisiennes ont, selon l’OCDE, sensiblement augmenté, tirées par le secteur manufacturier avec une transformation en faveur des secteurs plus intensifs en technologie et compétences.
Toutefois, l’analyse des échanges commerciaux de la Tunisie sur la base de la valeur ajoutée remet aussi en cause la perception selon laquelle les activités à faible teneur en valeur ajoutée, tel l’assemblage, prédominent. La montée en gamme et la diversification des exportations augurent, ainsi, d’un potentiel de croissance élevé.
OCDE : positionnement favorable de la Tunisie dans les chaînes de valeur mondiales
Les auteurs ont dévoilé qu’en Tunisie, l’ouverture commerciale a fortement augmenté durant les deux dernières décennies. « L’assouplissement progressif des barrières tarifaires et non tarifaires, la signature d’accords de libre-échange et la création d’un régime attractif pour les entreprises entièrement exportatrices – dit régime offshore – ont joué un rôle important », lit-on dans le rapport.
La même source a, en effet, ajouté que «la Tunisie a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce en 1995. Elle a signé en 1996 un accord d’association avec l’Union européenne visant au démantèlement progressif des barrières tarifaires et non-tarifaires et a obtenu le statut de partenaire privilégié en 2012; les négociations autour de l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) sont aussi en cours».
De même, l’OCDE a rappelé qu’avec la Turquie, un accord de libre-échange a été signé en 2004 et appliqué entièrement en 2014. Le régime tarifaire a, en outre, été simplifié avec une réduction du nombre de bandes tarifaires de 54 en 2003 à 3 en 2017.
Au final, la part des exportations et des importations dans le PIB s’approchait en 2016 de la moyenne de l’OCDE, pour s’établir à un niveau supérieur à de nombreux pays émergents.
OCDE : forte progression des exportations tunisiennes
Les auteurs du rapport ont affirmé que les exportations tunisiennes ont fortement progressé en volume et en qualité, tirées par le secteur manufacturier traditionnellement riche en emplois. « Si les secteurs miniers et de l’énergie ont souffert d’une succession de mouvements sociaux depuis 2011, le secteur manufacturier tunisien a fait preuve d’une certaine résilience. La part des biens manufacturés dans les exportations totales a augmenté pour s’établir à 76%, bien au-delà du niveau observé en Égypte, au Maroc et dans la plupart des autres pays de la région ».
Toutefois, l’OCDE a montré que la structure des exportations manufacturières a connu une transformation significative, les industries mécaniques et électriques devenant le premier secteur exportateur. «Cela se traduit aussi par une augmentation de la part des exportations des biens d’équipement et de biens intermédiaires. En matière d’exportation de biens d’équipement, l’une des composantes les plus dynamiques du commerce mondial de marchandises depuis le début des années 2000, la Tunisie se positionne mieux que de nombreux pays émergents.»
La même source a également souligné que les exportations tunisiennes se sont diversifiées et sont montées en gamme. «La Tunisie est le pays du Maghreb ayant le plus grand nombre de produits exportés jouissant d’un avantage comparatif certain. La structure des exportations a, aussi, évolué au profit des produits intensifs en technologie et compétences. Et les performances des filières électronique, mécanique et électrique, pharmaceutique ainsi que plastique sont particulièrement bonnes, reflétant un investissement de longue date dans le secteur éducatif, notamment les sciences et l’ingénierie.»
Quant à la structure des exportations par produit, elle est, selon les auteurs, peu concentrée par rapport aux autres pays de la région MENA. «Les quatre premiers produits exportés par la Tunisie représentaient 26% de ses exportations de biens en 2015, contre 33% au Maroc et 56% pour la moyenne des pays de la région MENA. Les progrès sur deux décennies ont été considérables. La sensibilité aux aléas de la conjoncture industrielle est, ainsi, réduite.»
Néanmoins, le rapport a fait ressortir que les exportations tunisiennes restent fortement concentrées sur un petit nombre de partenaires commerciaux – les quatre premiers partenaires (France, Italie, Allemagne, Espagne) représentaient 61% des exportations en 2015.
Au final, l’OCDE a estimé que la Tunisie a considérablement progressé sur l’échelle de la complexité économique, se rapprochant de la Turquie et de l’Inde. «La Tunisie se plaçait en 2016 au 39ème rang mondial sur l’échelle de la complexité qui reflète la sophistication, la diversification des exportations et la spécificité des exportations, devançant tous les pays d’Afrique. L’analyse par produit exporté révèle une forte progression de la Tunisie vers des produits plus complexes et sophistiqués, avec une densification du tissu industriel», concluent les auteurs.
Pour plus d’informations, consulter le Documents de travail du Département des Affaires économiques de l'OCDE No. 1478
|