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Conjoncture Mieux exploiter les atouts de la Tunisie


Source: La presse de Tunisie

Le chef du gouvernement Youssef Chahed a annoncé, lors de son discours à l’Assemblée des représentants du peuple, à l’occasion du démarrage du débat sur le budget de l’Etat et de la LF 2018, que le taux de croissance a dépassé les 2% durant les onze premiers mois 2017, avec l’objectif d’atteindre 2,2% ou 2,3% à la fin 2017. Un taux qui a été réalisé grâce à l’amélioration de plusieurs indicateurs tels que la production de phosphate (23%), le secteur touristique (28% pour les entrées), les IDE (13,6%), les investissements agricoles (66%), les investissements industriels (10%) et les services (40%). Mais disons que ces améliorations sont tributaires d’un environnement des affaires propice et d’une approche sectorielle qui encourage les activités à haute valeur ajoutée et qu’elles n’auront un sens que si les niveaux d’avant-2011 sont atteints.

 

Selon une analyse de l’intermédiaire en Bourse Mac SA, publiée ce mois-ci, l’environnement réglementaire excessif constitue encore un blocage pour la relance de l’investissement, la concurrence  renforçant la bureaucratie et impactant la productivité et la compétitivité des entreprises. Ajoutons à cela une politique industrielle qui encourage les activités à faible valeur ajoutée et une politique agricole inappropriée. Des facteurs qui ont eu un impact sur la reprise de la croissance. 


D’après Ghazi Boulila, auteur de l’analyse et professeur en sciences économiques à l’Ecole supérieure des sciences économiques et Commerciales de Tunis, la Tunisie a enregistré un taux moyen annuel de 4.59% entre 1966 et 2016, avec deux pics enregistrés en 1972 (+17.74 %) et en 2011 (-1.92%). Il indique que les déséquilibres macroéconomiques qu’a connus l’économie tunisienne, surtout dans les finances publiques, se sont répercutés sur l’emploi avec un taux de chômage de 15,3% au troisième trimestre 2017 et sur le pouvoir d’achat des ménages. Ce qui a impacté le taux d’épargne, estimé à 8,83% en 2016, alors qu’en moyenne, il est de 22,25% sur la période 1965-2016. 


Concernant les secteurs productifs, l’analyse montre qu’une stagnation est enregistrée au niveau de l’activité industrielle, avec des industries manufacturières qui croissent à un rythme inférieur à celui d’avant-2011. 

 

Évolution mitigée
L’évolution de l’Indice de production industrielle (IPI) est restée mitigée, avec une évolution positive pour les branches manufacturières orientées vers l’export, soit +3,1% pour les industries mécaniques et électriques  et une évolution positive mais qui reste faible pour le secteur textile, habillement et cuir, durant les huit premiers mois 2017. Une reprise du secteur minier a été enregistrée avec +35,1% pendant la même période.   En contrepartie, l’analyse montre que l’industrie tunisienne continue à souffrir des répercussions de la crise immobilière, engendrant la baisse de la production des industries des matériaux de construction, de céramique et de verre de 5.4% sur la même période. 


D’un autre côté, l’aggravation du déficit énergétique constitue un souci important pour l’économie tunisienne, s’est fait sentir avec la baisse de la production nationale de pétrole et la forte reprise de la consommation du carburant routier. Ajoutons à cela la prolifération de la contrebande avec les problèmes sécuritaires aux frontières sud. Des évolutions qui ont amené à une hausse des dépenses au titre des subventions aux hydrocarbures de 1.500 MDT contre 650 MDT prévus dans la loi de finances 2017. 
L’auteur de l’analyse estime également que la non-application du mécanisme de l’ajustement automatique des prix à la pompe a gonflé davantage l’enveloppe des subventions, malgré l’augmentation des prix mondiaux et la forte dépréciation du dinar face au dollar américain. Pour faire face à ce défi, il souligne que la Tunisie devra réussir sa transition énergétique vers celle renouvelable en réduisant la consommation d’énergies fossiles dans toutes les activités.

 

Réformes sectorielles
L’analyse montre que des réformes sectorielles doivent être entamées pour renouer avec la croissance, surtout dans les services, l’industrie et l’agriculture. Pour le secteur des services, on estime qu’il est fortement protégé par des réglementations restrictives et par des autorisations administratives variées, entraînant une faible concurrence, une augmentation de la recherche des rentes et des malversations, un accroissement des prix et une diminution de la qualité. Ceci est d’autant plus visible pour les télécommunications, le transport, la santé, les banques, l’éducation, la formation, les services professionnels, la construction, le commerce de détail et de distribution. 


Ce qui affecte le secteur industriel «onshore» et «offshore», par l’introduction dans leurs fonctions de production comme intrants, amenant à  un faible niveau de productivité, à une spécialisation dans la production des biens à faible valeur ajoutée basée sur les activités d’assemblage et de sous-traitance et une difficulté à attirer les Investissements directs étrangers (IDE) de qualité élevée. 
Concernant le secteur industriel, l’analyse souligne qu’il est encore piégé par la sous-traitance des produits à faible valeur ajoutée. Ce qui ne permet pas d’absorber le chômage des jeunes diplômés du supérieur. Ceci exige une nouvelle politique industrielle pour le développement de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée pour la montée en gamme du secteur. De même pour le secteur agricole, en développant des filières agricoles comme l’huile d’olive, les agrumes, les légumes, la pêche, les figues et autres, qui sont intensifs en main-d’œuvre et peu intensifs en terre. L’analyse montre qu’il existe actuellement un gaspillage de terres fertiles cultivées en produits continentaux subventionnés. 


Pour ce fait, l’auteur de l’analyse propose la mise en place d’une stratégie globale pour l’économie tunisienne axée sur des niches de produits pour réaliser le potentiel inexploité. Cette stratégie devra s’appuyer  sur une approche sous-sectorielle ciblée pour assurer la compétitivité la plus élevée possible, à l’instar des pays asiatiques, la Grande-Bretagne, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Hollande qui ont obtenu des résultats remarquables, avec la collaboration du secteur privé. 


 
 
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