La mise en place de programmes d’appui et de promotion de la qualité depuis 1995 a permis de développer une culture qualité dans les PME tunisiennes. Pour passer la vitesse supérieure, tous les acteurs du secteur industriel travaillent, actuellement, à déployer de nouveaux programmes qui visent à améliorer la productivité.
A l’occasion de la Journée mondiale de la qualité, l’Unité de Gestion du Programme national de promotion de la Qualité UGPQ a organisé, sous l’égide du ministère de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises, vendredi 17 novembre au siège de l’Utica, la Journée nationale de la qualité sur le thème «La qualité et la productivité garantes de la compétitivité de l’entreprise».
Dans son allocution d’ouverture, le ministre de l’Industrie et des PME, Imed Hammami, a déclaré que la Tunisie doit poursuivre la démarche entreprise depuis l’année 95, lors de la conclusion de l’Accord d’Association AA avec l’Union Européenne, dans la promotion de la culture de qualité dans le secteur industriel. «Avec nos partenaires, l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) et l’UE, nous devons continuer à aller de l’avant dans la mise à niveau des PME tunisiennes et améliorer leurs productivités.
C’est le meilleur moyen pour assurer la pérennité et la compétitivité du secteur industriel en Tunisie. Actuellement, l’enjeu est d’accéder au marché international et de pouvoir exporter. Avec ces programmes d’appui pour l’amélioration de la qualité et de la productivité, nos entreprises disposent d’un potentiel important par investir à l’étranger», a-t-il précisé.
Un sauvetage des secteurs lésés Pour sa part, Béchir Boujday, membre du bureau exécutif de l’Utica, a salué dans son discours prononcé lors de l’ouverture de l’événement, l’initiative lancée récemment par le ministère de l’Industrie. Cette dernière a pour objectif la mise en place d’un plan de relance pour des secteurs en difficulté et qui risquent de disparaître, notamment les secteurs mécanique et du textile, du cuir et des chaussures.
Il a appelé le gouvernement ainsi que toutes les institutions d’appui à instaurer le dialogue entre les différents intervenants en amont et en aval du secteur industriel et entre le pouvoir public et l’entreprise. «Ce rendez-vous annuel nous interpelle pour rappeler nos devoirs envers l’entreprise pour la placer dans la position qu’elle mérite et l’aider à jouer pleinement son rôle de participer activement à la création des richesses, l’épanouissement de notre économie, la stabilité sociale et surtout à la pérennité de nos entreprises», a-t-il ajouté, affirmant que cet événement figure parmi ceux qui ont été organisés récemment et qui marquent un virage vers les problèmes sérieux de l’économie tunisienne. «Outre cette journée, le forum de l’investissement organisé la semaine dernière, la relance du Dialogue Public-Privé DPP, le débat ouvert sur la loi de finances 2018 sont des indicateurs qui dénotent une volonté politique de faire primer les débats économiques sur les débats politiques».
Le membre du bureau exécutif de l’Utica a, également, rappelé le rôle crucial que joue la qualité dans la pérennité et l’essor de l’entreprise. «Le thème de cette année est un choix bien réfléchi, un message nécessaire à tous les acteurs qui cherchent la reprise, le soutien et l’accompagnement à leurs entreprises».
Kaizen : un concept japonais L’expert japonais, Toshifumi Egusa, représentant de la coopération japonaise Jica, a déclaré que l’agence de coopération a identifié Kaizen comme l’un des concepts les plus efficaces pour améliorer la qualité et la productivité dans le secteur privé en Tunisie.
La Jica et le ministère de l’Industrie sont en train de mettre en place de nouveaux projets d’amélioration de la productivité moyennant le concept de Kaizen. «Dans un contexte économique caractérisé par un manque de visibilité, la Tunisie est contrainte de trouver des solutions pour la croissance économique. Optimiser l’exploitation des ressources, améliorer la qualité des produits avec une meilleure productivité est la solution la plus adéquate à ce dilemme. Ceci constitue le sens même de Kaizen», a-t-il fait valoir. Cette expression japonaise, qui veut dire «changer le milieu par soi-même», illustre une philosophie basée sur la recherche individuelle et continuelle de moyens de perfectionnement dans le monde du travail. «Kaizen est considéré comme une véritable source de croissance du secteur manufacturier au Japon. Ce concept a été élaboré pour la mise en œuvre d’une stratégie regroupant un ensemble d’activités qui s’appliquent à tout le personnel dans le milieu du travail en commençant par le chargé du nettoyage jusqu’au chef de l’entreprise», a-t-il annoncé.
Un centre de simulation de la formation en matière de productivité Lors de son discours prononcé à la cérémonie d’ouverture de la journée, la directrice générale de l’Innorpi, Amel Ben Farhat, a mis en exergue le rôle des programmes de mise à niveau et de promotion de la qualité, lancés par le ministère de l’Industrie depuis l’année 95 —année où l’accord de libre-échange avec l’UE a été signé— dans la création d’une nouvelle dynamique de certification, d’accréditation et d’essais.
Elle a mis en valeur leur contribution à l’enrichissement de l’infrastructure qualité à l’échelle nationale ainsi qu’à la reconnaissance mutuelle entre l’UE et la Tunisie en matière d’évaluation de la conformité. Une condition sine qua none pour assurer une meilleure compétitivité des entreprises tunisiennes dans un marché libéralisé. De nouveaux métiers ont été également créés, à savoir le responsable qualité, le responsable hygiène et sécurité, le responsable de maintenance.
De surcroît, un transfert de savoir-faire en matière de management de qualité et d’expertise en audit a eu lieu grâce à une stratégie nationale qui met un point d’honneur à la mise à niveau des PME tunisiennes et à l’amélioration de leur compétitivité. Plus de 3.000 personnes formées en matière de référentiels qualités, 2.191 entreprises certifiées, plus de 100 consultants relevant de diverses institutions d’appui technique formés à l’étranger, des chiffres qui illustrent, jusque-là la taille de l’expertise pourvue par la coopération japonaise et européenne, en matière de qualité et d’amélioration de productivité.
Cette expérience tunisienne inédite a été reproduite dans plusieurs pays de l’Afrique et de la région Mena, suite à sa réussite spectaculaire, notamment dans la création d’une culture qualité dans le tissu industriel. Un programme d’amélioration de la productivité, qui est en cours d’exécution depuis l’année 2016, et qui sera finalisé en 2019, est déployé dans les secteurs du textile, de l’électricité et de la chimie. 72 entreprises bénéficieront de ce programme d’appui. 54 consultants relevant de diverses institutions d’expertise technique seront formés. «J’appelle les entreprises qui sont présentes aujourd’hui à se pencher sur la formation en matière de productivité.
La Tunisie dispose, désormais, d’un centre de simulation de la formation en matière de productivité et qui est, jusqu’à maintenant, peu connu. Ce centre a été offert par la Jica dans le cadre d’un projet élaboré durant la période 2009-2013. C’est une véritable aubaine pour l’industrie tunisienne. Profitez-en», a-t-elle déclaré. Toutefois, la DG de l’Innorpi a précisé qu’il y a du pain sur la planche pour ancrer davantage les cultures du travail, de la qualité et de la productivité dont le pays a besoin.
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