Selon le rapport de l’attractivité régionale réalisé par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace), le climat des affaires local est jugé “peu satisfaisant” en moyenne, avec un indice de 2,85. Un résultat qui reflète les problématiques au niveau de l’investissement dans les régions intérieures. Infrastructures inadaptées, administration peu réactive, centralisation oppressante, tant de défis qui se posent devant le projet de décentralisation auquel notre pays compte s’attaquer avec l’approche des élections municipales
En fait, la décentralisation pose actuellement plus de défis que d’opportunités pour la Tunisie, vu son impact sur la transformation du modèle de développement. Jusqu’ici, la centralisation était le maître mot de l’investissement. Bien qu’il y ait eu des avancées en termes d’élargissement de certaines institutions gouvernementales dans les régions, la dépendance auprès de la centrale a toujours perduré. Ce qui pose des problèmes de réactivité et surtout d’absence d’une vision claire par rapport aux besoins des régions, qui ne peut se concrétiser sans la proximité et l’évaluation sur terrain.
Tout cela a influencé l’environnement des affaires dans les régions, qui se trouve terni également par le manque d’infrastructures adaptées et d’une prise en compte de leurs spécificités. Un constat qui a été bien révélé par le rapport de l’Iace, montrant que dix gouvernorats seulement sont au-dessus de la moyenne de l’indice du climat d’affaires (2,85).
Le rapport s’appuie sur une évaluation de la réglementation des affaires locales dans tous les gouvernorats dans dix domaines essentiels, à savoir les services municipaux, l’approche participative, la transparence et l’accès à l’information, les services non municipaux, le cadre de la vie et la disponibilité de la main-d’œuvre.
Insatisfaction Le rapport indique que le climat des affaires dans les gouvernorats de Siliana et Tataouine est jugé “pas du tout satisfaisant”. L’indice le plus faible est observé au gouvernorat de Siliana, soit 1,74, alors qu’il était classé en 2016 à la 21e place sur les 24 gouvernorats. Le gouvernorat de Tunis est classé au 1er rang avec une amélioration de son score général par rapport à l’année dernière, passant de 3,84 à 4,82.
Pour les autres gouvernorats, l’Iace souligne que dix gouvernorats ont amélioré leur classement. On note Ariana et La Manouba, qui ont avancé de 12 places, Kébili de 10 places et Zaghouan de 8 places. Les gouvernorats de Tunis et Sfax ont gardé leur classement, respectivement 1er et 2e. De l’autre côté, le classement du gouvernorat de Kairouan a reculé de 11 places, se trouvant à la 20e place.
Cet indice reflète ainsi les défis auxquels fait face tout projet de décentralisation, étant donné que l’investissement est le principal pilier de tout développement économique au niveau régional. Mais c’est cet aspect qui pose problème par rapport à un climat des affaires qui n’encourage pas l’investissement en général et d’autant plus dans les régions intérieures.
Problème d’efficacité Le dernier rapport Doing Business de la Banque Mondiale a classé la Tunisie au 88e rang sur 190 pays. Ainsi, notre pays affiche un retard flagrant au niveau de certains piliers nécessaires au développement de l’investissement dans les régions. On note l’obtention du permis de bâtir (96e place), dont le délai atteint jusqu’à 96 jours; le raccordement au réseau de distribution de l’eau, avec un délai de 21 jours; le raccordement au réseau électrique avec un délai moyen de 65 jours. Il s’agit également des services municipaux, de l’approche participative et de la transparence et l’accès à l’information, qui sont des piliers pouvant être améliorés avec la mise en place d’un pouvoir local.
Selon l’Iace, l’amélioration de l’environnement des affaires en Tunisie suppose la mise en place de mesures efficaces et efficientes facilitant les procédures administratives et l’accès à l’information. Il s’agit de la publication de l’ensemble des procédures administratives et la création d’un registre en ligne comprenant l’ensemble des procédures administratives applicables aux entreprises, la dematérialisation et l’usage de l’administration électronique comme un levier majeur de simplification.
Ajoutons à cela la facilitation de l’échange d’informations sur l’entreprise entre les administrations publiques à travers l’identifiant commun de l’entreprise, le développement de l’efficacité des guichets uniques pour réduire le nombre des procédures, les délais et les coûts et enfin le transfert du réel pouvoir de décision aux responsables régionaux et doter les organes administratifs concernés de l’autonomie et/ou la souplesse de gestion requise pour pouvoir résoudre les problèmes à temps sans attendre l’accord préalable de l’administration centrale.
|