Il y a deux semaines, les industriels du secteur textile et habillement ont élu le bureau exécutif de leur nouvelle fédération. Une organisation qui se veut le porte- parole de cette industrie, visant à la sortir de son état de léthargie imposé par une conjoncture économique difficile, mais aussi par un désintéressement face à ce secteur grand employeur et exportateur par excellence. En fait, cette dynamique que vit le Textile et Habillement tunisien reflète un point tournant pour l’économie tunisienne et devrait être un premier pas vers le renouement de ce secteur avec la croissance dans une logique d’innovation et de nouvelles perspectives à l’export et également de croissance du marché local face à la prolifération des marques étrangères
Le poids du secteur textile et habillement est assez important dans l’économie tunisienne, bien qu’il ait été fragilisé, à l’instar des autres secteurs, par les perturbations sociales et sécuritaires, provoquant la fermeture de plusieurs entreprises et la perte de milliers d’emplois. Il compte actuellement 1.600 entreprises et emploie 160 mille personnes, contre 2.000 entreprises et 200 mille emplois avant 2011. A l’export, le secteur a été touché par le climat sécuritaire, induisant la perte de plusieurs commandes et la régression de son chiffre d’affaires. Des difficultés que le secteur a pu surmonter ces deux dernières années avec le retour des marchés et l’augmentation des exportations.
Mais cette évolution doit prendre en compte également les difficultés qui ont altéré, depuis des années, la performance du secteur. Les industriels se sont réjouits de la tenue d’un Conseil ministériel restreint en début juin 2017, avec l’annonce de plusieurs mesures de soutien au secteur, mais la lenteur dans l’exécution a provoqué des inquiétudes. La nouvelle Fédération tunisienne du textile et habillement vise ainsi à accélérer l’application et permet aux entreprises de retrouver leur souffle, essentiellement par le rééchelonnement des dettes de la Cnss et des dettes fiscales ; en plus d’autres mesures portant sur le soutien au financement et le renforcement de la formation professionnelle et autres.
Souci majeur Parmi les difficultés que le secteur connaît au niveau de l’export son recul en tant que fournisseur de l’Union européenne, son principal marché, de la 4e à la 9e place. Néjib Karafi, directeur général de la Ftth, a affirmé lors d’une conférence de presse, que le secteur accaparait auparavant 4,5% de part de marché, mais il est actuellement à 2%, alors que les manques à gagner sont colossaux. Hosni Boufaden, président de la Ftth, précise qu’un point de plus sur le marché européen peut créer 40 mille emplois. La double transformation est également un souci pour les professionnels du secteur, puisque les entreprises exportatrices sont appelées à acheter le tissu de l’espace méditerranéen et à subir les droits de douane à l’export, alors que d’autres pays asiatiques bénéficient d’une exonération de ces mêmes droits. Cela est perçu comme une injustice face à une industrie qui a fait preuve depuis des années d’un savoir-faire et d’une technicité reconnue à l’échelle internationale. D’ailleurs, la Ftth a appelé à ce que les industriels textile et habilement soient représentés dans la commission de négociation avec l’Union européenne afin de mieux défendre les intérêts du secteur.
Cheval de bataille Le contrôle à l’importation est aussi un cheval de bataille pour les industriels du secteur, essentiellement pour ceux opérant sur le marché local. Il n’est pas à cacher que le déséquilibre de la balance commerciale est dû en particulier à des importations qui se sont accélérées durant les sept dernières années, face à des exportations en baisse. Le prêt-à-porter est l’une des branches qui connaissent une hausse de ses importations, surtout avec la prolifération des franchises des marques étrangères. La valeur des importations s’élève à 834,2 MDT.
Le marché local a évidemment souffert de cette prolifération, pour cette raison, la Ftth appelle au renforcement du contrôle du marché et à la révision de certaines conventions, à l’instar de l’accord commercial avec la Turquie. Une révision qui vise à mieux organiser le marché et à lutter contre la contrebande. Elle permettra aussi de mettre un terme à la sous-déclaration en douane, en adoptant les prix de référence des produits importés et meubler aussi la concurrence loyale. Mais cela requiert également que les entreprises opérant sur le marché local travaillent davantage sur la qualité de leurs produits, pour attirer une clientèle tunisienne avide de qualité et d’innovation.
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