Le secteur de l’énergie pourrait constituer à l’avenir un des moteurs de la croissance économique si les objectifs de renforcer les projets d’énergies renouvelables arrivent à se réaliser. Bien que le déficit de la balance énergétique représente 25,9% du total du déficit à fin novembre 2017 selon l’Institut national de la statistique, le potentiel du secteur est non négligeable surtout avec le Plan solaire tunisien (PST) qui vise à ce que 30% de la production électrique soit générée à partir des énergies renouvelables d’ici 2030. Selon l’INS, le bilan des échanges commerciaux à fin décembre 2017 a montré une augmentation des exportations du secteur de l’énergie de 24,6% et des importations de 39,9%. On indique ainsi que la hausse des importations du secteur de l’énergie durant l’année 2017 est due à la hausse des achats en pétrole brut (787,2 MDT) et des produits raffinés (3.748 MDT). De même pour les exportations avec la hausse des produits raffinés (809,5 MDT).
Des chiffres qui montrent la tendance stratégique du secteur de l’énergie. En fait, les énergies renouvelables constituent aujourd’hui une réelle alternative aux énergies fossiles pour la production électrique en Tunisie et dans le monde. Un objectif stratégique qui devrait être concrétisé par la réduction de 3% annuellement de l’intensité énergétique durant la période 2016-2030 et de 34% de la demande de l’énergie primaire en 2030.
Selon le ministère de l’Energie et des Mines, la part des énergies renouvelables dans la production électrique ne représente que 3% de la production globale, alors que 97% sont générés à partir du gaz naturel. Une part qu’on prévoit d’augmenter pour atteindre 12% durant la période 2016-2020 et 30% d’ici l’année 2030. A noter que la maîtrise de l’énergie et le développement des énergies renouvelables constituent un des principaux axes du projet d’orientation stratégique du ministère de l’Energie et des Mines à l’horizon 2030.
Capacité supplémentaire L’objectif de 12% requiert ainsi l’installation de 1000 MW supplémentaires sur la période 2017-2020, soir 380 MW par la Société tunisienne de l’électricité et du Gaz (Steg), 210 MW sous le régime des autorisations, 200 MW sous le régime de concessions et 210 MW par les projets d’autoproduction. En fait, la production en énergie fossile reste insuffisante en Tunisie, soit une moyenne de 45 mille barils par jour, représentant 40% de la consommation nationale, sachant que la demande en énergie primaire augmente de 2% chaque année. Ce qui nécessite de rechercher d’autres sources d’énergie, qui passe inévitablement par un partenariat fort entre le secteur public et le secteur privé. Sur les trois prochaines années, de 100 à 200 MW supplémentaires seront installés. Le premier appel d’offres, lancé par la STEG, a été clôturé le 15 novembre dernier, pour l’installation de stations éoliennes avec une capacité ne dépassant pas les 30 MW et de stations photovoltaïques ne dépassant pas les 10 MW ainsi que des petites stations de 1 à 5 MW. Le nombre total des offres reçues est de 69. Il a été procédé actuellement au dépouillement technique pour entamer par la suite le dépuillement financier selon le prix moins cher pour le kilowatt. Parmi ces 69 offres, six projets en photovoltaïque et deux projets en éolien seront sélectionnés y ajoutant les petites stations dont le nombre sera déterminé plus tard. L’appel d’offres pour le projet de production de 300 MW en photovoltaïque, dans le cadre des concessions, sera également lancé en début 2018.
Défis Mais devant tant d’objectifs ambitieux, la lenteur dans la réalisation représente encore un défi colossal. On relève des complexités concernant le Power Purshasing Agreement ou contrat d’achat de l’électricité qui n’est pas bancable, ne répond pas aux standards internationaux et ne permet pas au secteur privé de s’impliquer davantage dans cet effort de promotion des énergies renouvelables. Le cadre réglementaire est aussi assez flou, ne précisant pas assez les responsabilités de chacun des intervenants. De même, des obstacles fonciers se présentent si on veut développer davantage l’énergie éolienne qui requiert des espaces assez grands. Ce sont des obstacles qui ont été traités lors de la conférence organisée par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables avec la participation de tous les intervenants dans le secteur, et surtout l’implication du gouvernement à haut niveau. Youssef Chahed a considéré que le développement des énergies renouvelables est un choix stratégique. Il reste maintenant que ce choix doit être bien orienté vers une plus grande flexibilité dans la démarche de réalisation des projets et de concrétisation des objectifs du Plan solaire tunisien.
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