Une étude majeure réalisée par l’African Centre for Economic Transformation (Acet) a révélé que la transformation de l’agriculture pouvait stimuler le développement économique à travers le continent. Le rapport — le deuxième de ce type réalisé par le centre —, a été annoncé lors d’une réunion de haut niveau qui s’est tenue le 13 mai à l’occasion de la Conférence des ministres annuelle de la Commission économique de l’ONU à Addis Abeba (Éthiopie) Les auteurs du rapport ont fait part de leurs conclusions aux représentants de gouvernement, décideurs politiques, analystes et leaders des milieux d’affaires présents à l’événement. Dans leur étude, ils ont évalué de quelle façon l’augmentation de la productivité agricole pouvait contribuer à un développement économique plus large. Ils ont mis la lumière sur les opportunités d’amélioration des chaînes de valeur agricoles ainsi que sur les stratégies permettant de relier plus étroitement la production agricole aux autres secteurs d’activité économique par le biais de l’agroalimentaire en aval et de la fabrication des intrants ou de la logistique en amont, tout en insistant sur la nécessité de réaliser une croissance équitable et durable.
Programme de modernisation agricole Les participants à l’événement, co-organisé par la Division pour le commerce et l’intégration régionale de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), responsable de la recherche sur les politiques en matière de sécurité alimentaire et de coopération agricole à travers le continent, ont avancé des arguments convaincants pour exploiter ce secteur afin de stimuler des progrès économiques plus importants. Dr K. Y. Amoako, président de l’Acet, a mis ce rapport en contexte en expliquant : «La croissance ne suffit pas − la transformation signifie une croissance qui repose sur des bases solides ». Ken Ofori-Atta, ministre des Finances du Ghana, a approuvé les conclusions de ce rapport en confiant : « Ce type d’étude approfondie nous motive». Il a assuré que l’agriculture au Ghana était devenue une priorité sérieuse pour le gouvernement, et était portée aujourd’hui par le Programme de modernisation agricole phare baptisé Planting for food and jobs. Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA, a souligné le fait que l’agriculture était essentielle à la stabilité économique et a indiqué: «L’agriculture est l’un des enjeux les plus cruciaux du programme de transformation de l’Afrique… L’heure est venue de changer nos procédés de production ». Elle a également insisté sur les opportunités que représente pour les agriculteurs un marché unique en Afrique qui ouvre les frontières.
Mécanisation de l’agriculture Les conclusions du rapport démontrent qu’un programme audacieux pour le secteur agricole pourrait créer des emplois dans les chaînes de valeur, accroître les revenus, réduire la pauvreté et contribuer à améliorer le solde du commerce extérieur. L’Acet a jugé indispensable de donner aux agriculteurs l’accès aux connaissances, aux intrants modernes, à l’irrigation et à la mécanisation. Résoudre des questions telles que les régimes fonciers, le vieillissement de la main-d’œuvre agricole, la faiblesse des rendements, les défis logistiques et les obstacles dans le secteur du commerce transfrontalier est aussi essentiel à la modernisation de l’agriculture. D’autres débats ont porté sur des questions associées telles que l’égalité entre les sexes, l’environnement et le changement climatique. Les intervenants ont pointé l’urgence de créer des exploitations à moyenne échelle qui pourraient attirer les jeunes Africains, ces exploitations assurant souvent le lien entre les petits et grands exploitants pour des activités telles que la production laitière. Des représentants d’affaires s’exprimant à l’événement ont insisté sur la nécessité de créer des partenariats public-privé afin de permettre aux exploitations de passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale. Rahel Moges, fondatrice du fabricant agroalimentaire éthiopien Ethiogreen, a affirmé : «Je crois fermement que le secteur privé peut stimuler la transformation agricole ; c’est au secteur privé d’agir». Elle a également souligné l’importance d’exploiter la technologie pour faire progresser l’agriculture et la production alimentaire. Outre le partage d’informations utiles aux décideurs pour forger l’avenir de l’agriculture, cette discussion a permis de définir des objectifs clairs pour les partenariats futurs. Cela comprend la promotion par l’Acet de l’apprentissage entre pairs par le biais du programme d’analyse de pays que le centre a établi dans dix pays.
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