Le projet de la Marina de Bizerte est né d’une vision : rendre la Tunisie et la région de Bizerte une destination incontournable du tourisme de plaisance dans la Méditerranée. De par sa position au cœur des destinations phares (15 des top 20 marinas en Méditerranée sont à 1-2 jours de navigation), le port de Bizerte jouit d’un avantage compétitif unique: il est la porte d’entrée de l’Europe vers l’Afrique via la Méditerranée.
Selon Neila Hafsia, PDG de Bizerte CAP 3000, le projet Marina Bizerte comprend 3 composantes majeures :
1- Une composante touristique : le port, avec une capacité globale de 720 anneaux (pour des bateaux de 6 m à 110m) dont une cinquantaine de postes dédiés pour les super yachts de plus de 30m. La profondeur des bassins varie entre 3,50 et 12 m et les dimensions des pontons sont conçues pour accueillir également des catamarans. L’amodiation des postes se fait sur une période de 22 ans avec des possibilités d’hivernage et de location pour de courtes durées. L’exécution des travaux de construction et d’aménagement du port de plaisance a été assurée par le leader italien des travaux maritimes Vipp Lavori sous le contrôle du maître d’ouvrage délégué CFE (constructeur et spécialiste en travaux de dragage). Le port est entré en exploitation en mai 2016 avec une capacité partielle de 280 anneaux. Un an et demi après son entrée en exploitation, le taux d’occupation de la partie exploitée du port a dépassé 50%. Un partenariat commercial a été signé en 2017 avec un groupement italien spécialisé dans la plaisance (le Groupe Marinedi) qui gère à présent 10 ports en Italie dont le port de Sardaigne Villasimius. Ce partenariat n’est toujours pas entré en activité suite à des contraintes administratives et des lois qui ne s’adaptent pas ou plus à une réalité économique de globalisation et de mondialisation.
2- Une résidence de très haut standing dénommée Le Nautilus, à l’architecture fluide et transparente en forme de vague, avec vue imprenable sur mer, marina, vieux port et médina. Elle s’élèvera sur huit étages offrant 300 appartements allant de 80m² jusqu’au penthouse de 600m² et sera dotée d’une multitude de services hôteliers tels que conciergerie, piscine chauffée, fitness, sauna...Les travaux de construction des gros œuvres ont été exécutés par l’entreprise belge CFE en respect des normes européennes les plus strictes en matière de construction. Ils sont à un stade d’avancement de plus de 50% ; une clientèle diversifiée locale et étrangère a déjà signé et réservé leurs appartements. Plus du tiers a déjà été vendu.
3- Une promenade en R+1, en harmonie avec l’architecture de la ville de Bizerte, abritera une multitude de commerces et de loisirs : restaurants, cafés, yacht club, galeries d’art… et qui offrira un parking souterrain d’une capacité de près de 400 places. Les réservations des commerces par une clientèle locale et des enseignes internationales ont déjà démarré.
Un grand potentiel de création de valeur
Projet structurant pour la ville de Bizerte avec un grand potentiel en termes de création de valeurs pour la région, il ambitionne d’être le vecteur de la promotion de l’image de la Tunisie en général et de la ville de Bizerte en particulier. En dépit des défis qui se posent aux activités économiques en Tunisie et des perspectives longtemps défavorables au secteur du tourisme, les partenaires de Marina Bizerte et le groupe actionnaire CFE maintiennent leur confiance dans ce projet et comptent surtout sur le soutien de tous les intervenants pour assurer sa réussite :
Sur le plan économique et social
Partant du constat que les places aux ports sur le bassin méditerranéen sont de plus en plus rares et peu adaptées aux attentes des plaisanciers, le port de Marina Bizerte, nouvellement conçu, permettra, grâce à sa capacité d’accueil et ses prestations offertes, de positionner la ville de Bizerte parmi les destinations les plus prisées. Cette position est d’autant plus confirmée à travers les autres composantes du projet qui complètent l’offre de la Marina.Les retombées économiques et sociales profiteront à toute la ville de Bizerte avec à la clé la création de plusieurs emplois directs et indirects.
Sur la dynamique de développement de la région
La Marina de Bizerte créera dans son sillage une dynamique de développement dans toute la zone. Elle aura un impact direct et indirect sur la création d’emplois. Il est important de préciser l’expertise dont jouit la ville de Bizerte dans les métiers de la mer et dans les métiers de construction et de réparation navales. Citons à titre d’exemple le grand chantier naval de Menzel Bourguiba ou la zone franche de Bizerte qui abrite plusieurs opérateurs dans la construction de bateaux de plaisance.
Sur le positionnement de Bizerte en tant que pôle touristique
La région de Bizerte offre un potentiel touristique important en matière de plaisance et de tourisme vert. En effet, sa proximité géographique, ses paysages exceptionnels (sable fin, mer transparente bleu turquoise, des montagnes verdoyantes qui donnent sur la mer, des lacs gigantesques et une variété d’espèces qui vivent en parfaite symbiose avec la nature…) constituent des atouts pour assurer la métamorphose du tourisme à Bizerte. Cela lui donnera une dimension internationale avec des produits uniques.
Sur l’environnement
Il est important de rappeler qu’un projet de port de plaisance se doit d’être développé en parfaite harmonie avec son environnement. D’abord parce que c’est un projet qui ‘‘s’installe dans la durée’’ (concession) avec un profil de rentabilité plus long qu’un projet immobilier par exemple. Ensuite pour répondre surtout aux attentes de la clientèle exigeante et habituée aux plus hauts standards de la qualité des services. Pour la Marina de Bizerte, tous les ouvrages maritimes (digues, pontons, quais...) ont été construits sur des ‘‘pieux’’ (et non avec les techniques d’enrochement classiques nettement moins chères) afin de préserver le système existant de circulation de l’eau. De plus, un système d’avivement des eaux a été prévu pour améliorer encore plus la propreté des eaux dans le bassin de la Marina et même du vieux port de Bizerte qui ne fait pas partie de la concession.
Les mesures urgentes à prendre
Le projet lui-même a certes connu quelques difficultés pour son aboutissement depuis la révolution, comme c’est malheureusement le cas de nombre de grands projets. Ces difficultés sont fort heureusement dépassées, mais si nous voulons être à la hauteur de nos ambitions et permettre la plaisance de devenir un des piliers de la relance du tourisme en Tunisie, des mesures urgentes devraient être prises. La plaisance est une activité à forte valeur ajoutée, elle s’adresse à une clientèle à fort pouvoir d’achat. Il faut émanciper ce produit sous-exploité et ostracisé.
Plusieurs axes d’amélioration sont à notre portée, à savoir :
1- Promouvoir davantage la destination Tunisie en tant que destination de plaisance. Les campagnes de promotion doivent se faire en collaboration entre le ministère de tutelle, l’Ontt et les opérateurs économiques. Il serait avantageux de promouvoir en Tunisie un événement périodique de la plaisance d’envergure internationale. Il est également nécessaire d’augmenter le budget des subventions accordées aux organisateurs d’événements et de faciliter les procédures administratives de déblocage de ces subventions
2- Il est indispensable, par ailleurs, de veiller à l’amélioration de la relation entre l’opérateur et le ministère de tutelle qui devra être surtout un organe d’accompagnement plutôt qu’un organe de contrôle,
3- Décider une politique fiscale attractive permettant la démocratisation de la plaisance pour les nationaux et ce par le biais d’une taxation faible sur les locations d’anneaux et la suppression des droits de consommation sur la construction des bateaux et l’octroi d’avantages fiscaux pour les étrangers en légiférant pour la promotion du pavillon tunisien, ce qui nous permettra d’être compétitif par rapport à nos voisins. Le secteur a été fortement lésé par les nouvelles dispositions de la loi de finances 2018 qui a instauré, entre autres, une nouvelle TVA de 13% sur la ventes d’immeubles à usage d’habitation (et qui passera à 19% en 2020). Les Marinas ne sont rentables que sur le long terme étant donné le lourd investissement d’infrastructure, la composante immobilière d’un projet permet d’atteindre un certain équilibre financier qui a été fragilisé par la nouvelle taxation dont l’effet direct est une augmentation des prix dans un marché de l’immobilier déjà en crise. Il serait souhaitable, si nous voulons préserver ce secteur, d’accorder des exonérations aux projets à vocation touristique.
4- La mise à jour des textes régissant le secteur : les textes d’application du Code des ports maritimes, entré en vigueur depuis juillet 2011, n’ont à ce jour toujours pas été rédigés. En effet, aujourd’hui le grand frein au bon développement de la plaisance en Tunisie reste une législation inadaptée au monde d’aujourd’hui où la libre circulation, l’excellence et la continuité dans la qualité de la prestation des services sont une exigence : les procédures et les formalités à l’entrée et à la sortie des navires sont contraignantes, et les relations du client avec certaines autorités régionales difficiles : instaurer le système de guichet unique qui centralise toutes les procédures pourrait être une solution. Il est également primordial de faciliter la réalisation de partenariats avec des enseignes internationales ; si nous voulons mettre en place des standards internationaux et acquérir une réelle expertise de la profession, il est nécessaire de s’associer à des experts du métier et cela sans avoir à se prévaloir d’accords préalables des ministères de tutelle
5- De même, il est nécessaire que l’Etat, dans un souci de compétitivité saine entre opérateurs, assure une équité au niveau de la redevance qui lui est payée au titre des droits de concession et mette en place un observatoire de contrôle de prix antidumping permettant de maintenir un standing pour la destination,
6- Sans oublier, enfin, l’accompagnement des opérateurs par le système bancaire en mobilisant des financements adaptés au secteur afin de tenir compte des investissements d’infrastructure lourds et qui sont financés par des crédits à moyen terme (maturité moyenne de 7 ans pour des concessions sur 30 ans).
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