• Le président de la Commission européenne pense que la Tunisie et l’Union européenne peuvent faire de «grandes choses» ensemble • Un effort est déployé par l’Union européenne pour faire sortir la Tunisie des listes noires grâce aux réformes engagées • Intérêt commun pour lutter contre la migration clandestine en Europe • Des conventions signées entre les deux parties pour contribuer à relancer l’économie tunisienne
La Tunisie a toujours entretenu d’excellentes relations avec l’Union européenne qui constitue notre premier partenaire dans le domaine économique. Aussi bien dans le secteur du tourisme que de l’investissement et des exportations, l’espace européen est classé le premier sur la liste. Grâce à l’Union européenne, l’économie tunisienne a pu se frayer un chemin et devenir une destination privilégiée des hommes d’affaires, des touristes et des investisseurs. Aussi, la Tunisie a été le premier pays arabe à conclure un accord de partenariat avec l’Union européenne, ce qui a permis de mettre à niveau un certain nombre de secteurs comme l’industrie avant d’asseoir un espace de libre-échange. C’est dire que les relations entre la Tunisie et de l’Union européenne ne datent pas d’hier mais d’une longue période et se sont renforcées au fil des ans. L’Europe a toujours soutenu notre pays pour la réussite de la transition économique en fournissant des fonds destinés à la consolidation de l’infrastructure, à la mise à niveau des institutions et des secteurs comme ceux de la formation professionnelle, de l’emploi, de l’eau. Cet engagement européen se poursuit encore pour que notre économie continue sur sa lancée en consacrant l’initiative privée, l’économie de marché et l’ouverture sur le monde extérieur.
Sortir des listes noires D’ailleurs, lors de sa visite en Tunisie, Jean-Claude Juncker a affirmé notamment : «L’Union européenne a retiré la Tunisie des listes noires, dont notamment la liste noire des pays tiers à haut risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme». Cette décision importante constitue un gage pour l’économie tunisienne qui prouve sa conformité aux normes européennes et internationales. A noter que notre pays a été classé dans la liste noire relative au blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Une autre liste noire, celle des paradis fiscaux, a également concerné la Tunisie avant de passer à la liste grise après moult tractations diplomatiques. Maintenant, c’est officiel puisque c’est M. Juncker qui le souligne : «La Tunisie figure maintenant sur les listes grises». Autrement dit, elle est appelée à déployer plus d’effort pour sortir aussi des listes grises moyennant certaines actions qui sont, d’ailleurs, en cours de concrétisation. La volonté politique est de rendre notre économie sainte à l’égard de la communauté européenne et internationale. Il n’y a pas de raison pour que notre pays reste dans la liste grise. C’est ce que constate, en tout cas, le président de la Commission européenne : «Actuellement, nous sommes en train d’examiner avec les autorités tunisiennes les réformes et mesures nécessaires à même de permettre de retirer la Tunisie définitivement de ces listes grises », a-t-il expliqué. A noter que notre pays a élaboré un guide expliquant en détail la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en mettant en exergue les secteurs qui sont le plus exposés à ces opérations frauduleuses. Les banques et toutes les activités concernées ont été prévenues pour lutter contre ce genre d’opérations qui ne sont pas dans l’intérêt de l’économie organisée et légale.
Système de migration régulière S’agissant du dossier de la migration, Junker a souligné que les relations entre l’Europe et l’Afrique du Nord ne peuvent pas se résumer aux problèmes migratoires. «En effet, j’ai toujours été en faveur de la mise en place d’un système de migration régulière», a-t-il proposé. L’Union européenne est consciente du problème épineux de la migration clandestine qu’il faut traiter à la racine. Plusieurs migrants proviennent, en effet, des pays africains et maghrébins et transitent parfois par la Tunisie, en utilisant des embarcations de fortune pour arriver à destination encourant des risques réels. D’où la nécessité de renforcer l’aide au développement à ces pays pour créer des projets de proximité et de générer de nouveaux postes d’emploi. Ainsi, le candidat à la migration peut renoncer à son projet pour rester dans son pays où le travail décent sera disponible. Le président de la Commission européenne pense que la Tunisie et l’Union européenne peuvent faire de «grandes choses» ensemble. «Nous allons essayer d’accroître le nombre des Tunisiens dans le cadre du programme d’échange ‘‘Erasmus’’ qui permet aux jeunes Tunisiens et Européens de parler ensemble et d’échanger les idées», a-t-il souligné. L’Union européenne accepte volontiers d’accueillir des jeunes tunisiens pour effectuer des stages voire de travailler dans certains secteurs dans cet vaste espace. L’essentiel est que cette migration soit légale et bien organisée pour éviter les problèmes sociaux qui pourraient se poser pour un jeune qui n’a pas un travail précis à faire. Il serait ainsi livré à tous les dangers et peut être une proie pour la radicalisation et l’oisiveté.
Une marge de manoeuvre plus large La Tunisie est soucieuse, pour le moment, de retrouver sa place sur la liste des pays qui n’ont pas une économie entachée ou douteuse. C’est très important pour attirer les investisseurs étrangers qui doivent faire confiance au placement de leurs fonds dans des secteurs à haute valeur ajoutée. C’est une occasion également pour améliorer la marge de manoeuvre tunisienne sur le marché financier international.
La sécurité en première ligne La rencontre a également permis d’examiner les moyens de renforcer la stabilité et la sécurité dans le pays ainsi que le dossier de la migration irrégulière. La sécurité de la Tunisie est indispensable pour la sécurité de l’Europe. Plus notre pays est stable, plus les mouvements de migration ont tendance à diminuer voire à disparaître. Encore faut-il placer des fonds dans des projets à forte employabilité pour retenir les jeunes dans leurs régions respectives. La Tunisie est toujours disposée à négocier avec ses amis européens en vue de trouver des solutions efficaces à ce problème commun de sécurité. La mise en œuvre de l’accord de partenariat pour la jeunesse signé à Bruxelles en 2016 entre la Tunisie et l’UE constitue aussi un objectif commun aux deux parties. Il s’agit, en effet, de doter la jeunesse tunisienne de meilleures opportunités de travail, de mobilité et d’étude dans l’espace européen. Tout doit être fait dans le cadre de la législation européenne en vigueur relative à la migration, à l’installation des familles étrangères et au travail. A noter que quatre accords de financement d’un montant global de 270 millions d’euros ont été signés entre la Tunisie et l’Union européenne, à l’issue de la séance de travail. Ces accords prévoient le financement de quatre programmes, en l’occurrence le programme sur la compétitivité des entreprises et les exportations, le programme d’appui à la réforme de la justice (Parj), le programme d’appui à la transition énergétique et le programme d’appui à la réforme fiscale, à l’inclusion financière et à l’économie sociale et solidaire. La Tunisie, qui ambitionne de devenir un hub technologique et d’investissement au cours des années à venir, a tous les atouts pour assurer son envol économique grâce à un soutien infaillible de l’Union européenne qui doit mobiliser les fonds nécessaires — comme elle l’a toujours fait — pour créer de nouveaux projets et générer des postes d’emploi. De son côté, la Tunisie est appelée à peaufiner davantage le climat des affaires pour permettre aux investisseurs potentiels de s’installer dans toutes les régions en instituant une paix sociale durable.
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